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L'Aviso Colonial Dumont d'Urville était un bâtiment de
1.969 tonnes, ses machines d'une puissance de 3.200 chevaux lui donnait une
vitesse de 15 à 16 nœuds ; il avait à son bord 14 Officiers et 121 hommes d'équipage.
Son armement était constitué de 3 canons de 138 et de nombreuses pièces antiaériennes,
4 de 40, 12 de 37, 22 et 20 et pour la lutte anti-sous-marine d'un sonar et
d'une quarantaine de grenades sous-marines. A l'origine il n'avait pas de canon
arrière, cet emplacement était équipé d'une plate-forme sur laquelle était
installé un hydravion de reconnaissance et d'une grue servant à sa mise l'eau
et à sa récupération.
Il est sorti des chantiers de La Ciotat près de Toulon en
1921 pour être affecté à Papeete le grand port de l'île de Tahiti dans
l'archipel Polynésien, il représentait la France dans cette partie du
Pacifique, allant d'île en île. La déclaration de guerre de 1939 le trouve à
Saïgon d'où il regagne Toulon pour un grand carénage et ensuite être affecté
à l'escorte des convois marchands en Afrique du Nord, Afrique Occidentale et
Afrique Equatoriale suivant les besoins. Le débarquement des Alliés en Afrique
du Nord en 1942, le trouve à Conakri en Guinée, il rejoint donc La France
Combattante et est inclut dans le dispositif militaire des Alliés, pour ce
faire il est envoyé aux U.S.A à Charleston en Caroline du Sud, via Fort de
France en Martinique, d'où il rejoint l'arsenal de Charleston où sa machinerie
est changée et son armement complété en D.C.A. et en missiles anti-sous-marin
placé à l'avant du bâtiment, un Asdic plus performant complète son ornement.
Ensuite ce sera l'escorte des convois en Atlantique, Méditerranée et Océan
Indien jusqu'à l'armistice du 8 Mai 1945 et son retour à Toulon.
En un peu plus de 3 ans il aura parcouru un tour de la
terre (40.000 Km) dans l'ordre chronologique suivant : Algérie - Maroc -
Mauritanie - Sénégal - Guinée - Dahomet - Côte d'Ivoire - Martinique -
Caroline du Sud (U.S.A.) - Gibraltar - Portugual - Tunisie - Egypte - Canal de
Suez - Mer Rouge - Djibouti - Yemen - Sommalie - Kenia - Tanzanie - Madagascar -
Iles Seychelles - Iles des Comores - Ile Maurice - Sultanat de Zanzibar - Ile de
Ceylan - Ile de la Réunion - Archipel des Kerguelens.
Quatre Avisos du même type sortirent des chantiers de La
Ciotat : La Grandière, Le d'Iberville, et le Savorgnan de Brazza.
Une des missions parmi beaucoup d'autres, à laquelle participa le Dumont d'Urville, se situe avant le débarquement des Alliés en Afrique du Nord, c'est l'affaire du Laconia.
Le Commandant de l'U.156 observe le grand bâtiment qui
entre dans le réticule de visée "Tube 1. feu"?..."Tube 3. feu".
A bord du Laconia, tout vole en éclats et, très vite, le vieux paquebot
disloqué prend 15° de gîte sur tribord. "Aux embarcations"...
Le 12 septembre 1942, à huit heures du soir, le Laconia,
vieux paquebot de la "White Cunard Line", se trouvait à 200 milles au
sud du cap Palmas, dans l'Atlantique Sud. Il regagnait l'Angleterre, venant de
Suez avec trois milles passagers, dont un grand nombre de femmes et d'enfants,
à son bord. A huit heures dix un sous-marin allemand l'U.156, Commandant Werner
Hartenstein, le torpillait et le coulait.
Hartenstein circulait au milieu des épaves à la recherche
du Commandant du Laconia pour le faire prisonnier, lorsqu'il entendit appeler
"au secours" en italien. Il repêcha quelques naufragés et apprit
ainsi que le Laconia contenait dans ses cales mille huit cent italiens fait
prisonniers en LIBYE. Hartenstein recueillit prés de deux cent hommes sur son
petit sous-marin, et prit les canots en remorque. Affolé par l'ampleur du désastre,
par le spectacle de ces femmes et de ces enfants nageant la nuit au milieu des
requins, il télégraphia à l'Amiral Doenitz : "J'ai coulé Laconia ;
malheureusement 1800 prisonniers italiens...". L'état major de l'Amiral était
d'avis de rejeter tout le monde à l'eau. Mais Doenitz lui-même s'y opposa.
Mieux il donna l'ordre à trois sous-marin allemands et à un sous-marin italien
de rallier le lieu du naufrage. Il demanda aussi aux Français d'envoyer des bâtiments.
L'U.505, l'U.506, le Cappelini firent aussitôt route vers le point indiqué
tandis qu'à Dakar le Croiseur Gloire appareillait tandis que l'Annamite et le
Dumont d'Urville étaient déroutés. Cependant que beaucoup de naufragés
disparaissaient noyés, blessés ou tués par les requins, Hartenstein envoyait
un message en clair et en anglais aux Alliés, les priant de l'aider dans son
sauvetage. L'U.505 et l'U.506 arrivaient et prenaient à leur bord des naufragés.
Mais, le 16 septembre à midi, un avion, un quadrimoteur, survolait l'U.156 et
le bombardait. Le sous-marin, avant de s'être débarrassé de ses passagers,
plongea avec de graves avaries. L'avion, on le sait aujourd'hui, était un B.24
Libérator américain en exercice et qui passait par hasard sur le site.
Ce drame unique dans les annales de la marine par le nombre
des naufragés et par la nationalité des navires venus au secours des rescapés
allemands, italiens, et français devait avoir des conséquences graves. Furieux,
l'Amiral Doenitz devait, en effet interdire, formellement le sauvetage des
naufragés des navires torpillés. C'est cet ordre, l'ordre Triton Null, et son
appartenance au gouvernement d'Hitler, qui devait lui valoir, à Nuremberg, dix
ans de prison.
This article originally appeared at: http://www.netmarine.net/bat/batral/dumont/celebre2.htm